Marceline Desbordes-Valmore, poétesse française, est née à Douai le 20 juin 1786.

Biographie

Enfance

Marceline Desbordes est la fille de Catherine Lucas et Félix Desbordes, un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. Fin 1801, après un séjour à Rochefort et un autre à Bordeaux, la jeune fille et sa mère s'embarquent pour la Guadeloupe, île appartenant à la France depuis 1635, afin de chercher une aide financière chez un cousin aisé, installé là-bas.

Carrière théâtrale

Le voyage entrepris, qui devait être un nouveau départ devient un véritable calvaire. D'une part, la traversée en bateau, qui dure plus que prévu (onze jours) affaiblit les deux femmes, d'autre part, une épidémie de fièvre jaune se déclare en Guadeloupe et emporte, en mai 1803, la mère de la jeune fille. En outre, des troubles politiques agitent l'île et la situation du cousin ne se révèle pas aussi bonne qu'on le disait : l'aide qu'il apporte est donc bien maigre.

De retour en métropole près de son père à Douai, Marceline devient comédienne dès l'âge de 16 ans. Elle joue au théâtre au théâtre à l'italienne de Douai, à Lille, Rouen (grâce à sa rencontre avec le compositeur Grety) et à Paris. Comédienne,  chanteuse et cantatrice, elle se produit notamment au théâtre de l'Odéon à l'Opéra-Comique, à Paris, et au  Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, où elle incarne en 1815 « Rosine » dans Le barbier de Séville de Beaumarchais. Au cours de sa carrière théâtrale, elle joue souvent des rôles d'ingénue. Elle crée plusieurs pièces de  Pigault-Lebrun, rencontre Talma, qu'elle admire, Marie Dorval et surtout Mademoiselle Mars, qui sera son amie jusqu'à la fin de ses jours.

Poétesse

De 1808 à 1810, elle a une liaison passionnée avec le comédien et homme de lettres Henri de Latouche, qu'elle nomme Olivier dans ses poèmes. En 1816, elle perd le fils qu'elle a eu avec lui. Elle se marie en 1817 avec un acteur, Prosper Lanchantin, dit Valmore, rencontré alors qu'elle jouait à Bruxelles. Elle en aura quatre enfants, dont un seul, Hippolyte Valmore, lui survivra (Junie, Inès décèdent en bas âge et Hyacinthe, dite Ondine, compose des poèmes et des contes avant de mourir à l'âge de 31 ans).

Marceline Desbordes-Valmore publie en 1819 son premier recueil de poèmes, Élégies et Romances, qui attire l'attention et lui ouvre les pages de différents journaux tels que le Journal des dames et des modes, l’Observateur des modes et la Muse française. En effet, son mari n'est guère aisé et sa popularité, à elle, a perdu de son aura : c'est ainsi tout d'abord pour un intérêt financier qu'elle se met à écrire. Le couple s'installe à Lyons. Marceline Desbordes-Valmore continue à voir Henri de Latouche, et entretient avec lui une relation épistolaire soutenue. Par la suite, ses ouvrages les plus importants sont les Élégies et poésies nouvelles en 1824, les Pleurs en 1833, Pauvres fleurs en 1839 et Bouquets et prières en 1843. En 1832, elle cesse définitivement son activité au théâtre pour se consacrer à l'écriture. Toutes ses œuvres, dont le lyrisme et la hardiesse de versification sont remarqués, lui valent une pension royale sous Louis-Philippe Ier et plusieurs distinctions académiques. Elle écrit aussi des nouvelles et compose des Contes pour enfants, en prose et en vers. En 1833, elle publie un roman autobiographique L'Atelier d'un peintre. Elle y met en évidence la difficulté d'être reconnue pleinement comme artiste pour une femme.

Fin de vie

Marceline Desbordes-Valmore décède à Paris, dans sa dernière demeure au 59, rue de Rivoli, le 23 juillet 1859, en ayant survécu au décès de presque tous ses enfants, de son frère et de maintes amies. Elle fut surnommée « Notre-Dame-Des-Pleurs » en référence aux nombreux drames qui jalonnèrent sa vie. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre (26ème division).


 

Quelques uns de ces poèmes

 

La fidèle

Si j'étais la plus belle Comme la plus fidèle,
Je le serais pour toi !
Si j'étais souveraine,
Le roi de cette reine,
Tu le serais par moi !
S'il te prenait l'envie
De demander ma vie
Pour te faire un beau jour,
Cette vie ignorée,
À l'amour consacrée,
Tu l'aurais, mon amour !
Et si tu disais : " Donne Beauté, vie et couronne,
Pour orner celle-là,
Cette seule que j'aime...
" À cet autre toi-même, Je dirais : " Les voilà. "
Car s'il est doux de vivre
Pour s'attendre ou se suivre
Dans le même désir,
Pour une âme enflammée,
Vainement consumée,
Il est mieux de mourir.
 

 


L’amour

Vous demandez si l’amour rend heureuse ;
Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
Ah ! pour un jour d’existence amoureuse,
Qui ne mourrait ? la vie est dans l’amour.

Quand  je vivais tendre et craintive amante,
Avec ses feux je peignais ses douleurs :
Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,
Que cette image en paraît moins charmante. 
Si le sourire, éclair inattendu
Brille parfois au milieu de mes larmes,
C’était  l’amour ; c’était lui, mais sans armes ;
C’était le ciel … qu’avec lui j’ai perdu.

Sans lui, le cœur est un foyer sans flamme ;
Il brûle tout ce doux empoisonneur.
J’ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
Demandez donc s’il donne le bonheur !

Vous le saurez : oui, quoi qu’il en puisse être,
De gré, de force, amour sera le maître ;
Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
Vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse ;
Dès qu’il ,revient, on tremble nuit et jour,
Souvent enfin la mort est dans l’amour ;
Et cependant … oui, l’amour rend heureuse !
 

 

L’attente

Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure
A je ne sais quel poids à porter :
Je sens languir mon cœur, qui cherche à me quitter ;
Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.

Quand  ta voix saisissante atteint mon souvenir,
Je tressaille, j’écoute …et j’espère immobile ;
Et l’on dirait  que Dieu touche un roseau débile ;
 Et moi, tout moi répond ; Dieu ! faites-le venir ! 
Quand sur tes traits charmants  j’arrête ma pensée,
Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur ;
J’ai froid dans mes cheveux ; ma vie est oppressée,
Et ton nom, tout à coup, s’échappe de mon cœur.

Quand c’est toi-même, enfin ! quand j’ai cessé d’attendre,
Tremblante, je me sauve en te tendant les bras ;
Je n’ose te parler, et j’ai peur de t’entendre ;
Mais tu cherches mon âme, et toi seul l’obtiendras !

Suis-je une sœur tardive à tes vœux accordée ?
Es-tu l’ombre promise à mes timides pas ?
Mais je me sens frémir,
Moi, ta sœur ! quelle idée !
Toi, mon frère ! …ô terreur !
Dis que tu ne l’es pas !.


 

 
 



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